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VU D'ISRAEL

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Histoire et Prospective


Kipat Barzel, le pilier de la Défense d’Israël

Publié par Frédérique Schillo sur 27 Novembre 2012, 19:54pm

Catégories : #Articles

Kipat Barzel, le pilier de la Défense d’Israël

S’il est un succès dont Israël peut se prévaloir au terme de son offensive « Pilier de Défense » contre la bande de Gaza, c’est bien l’efficacité du système antimissile Kipat Barzel, le Dôme de Fer.

Durant les huit jours que dura l’opération, du 14 au 22 novembre, le Dôme de Fer a intercepté 421 roquettes sur les 1500 tirées depuis la bande de Gaza. Mieux : en comptabilisant uniquement les roquettes ayant pour cibles des zones habitées, il affiche un taux de réussite de 90%. Et combien de vies épargnées.

Le Dôme de Fer a en effet cette particularité de prévoir le point d’impact de la roquette en calculant sa trajectoire. Les batteries antimissiles sont composées d’un radar électronique, d’un ordinateur de contrôle et de trois lance-missiles équipés chacun de 20 missiles Tamir. Sitôt la roquette localisée, deux Tamir sont envoyés pour la détruire en vol. Quatre batteries étaient ainsi déployées autour des villes d’Ashdod, Ashkelon, Beersheba et Nétivot. Pendant l’opération, une cinquième est venue protéger la région de Tel-Aviv.

C’est dire que le système s’est adapté à la force de frappe palestinienne. Longtemps les roquettes étaient de type Qassam (avec une projection de moins de 20 km) ou des Grad de fabrication soviétique (env. 20 km) et leur version améliorée (jusqu’à 40 km). Or les groupes palestiniens sont maintenant en possession de puissants missiles Fajr-5 qui leur parviennent d’Iran en pièces détachées, via le Soudan et le Sinaï égyptien. Avec une portée de 75 km, les Fajr-5 peuvent atteindre Tel-Aviv ou la périphérie de Jérusalem. Le Hamas et le Jihad islamique n’ont pas hésité à en faire usage contre la capitale économique israélienne, où les sirènes de la guerre n’avaient pas retenti depuis 1991, et en visant par deux fois la Ville sainte – du jamais vu.

Kipa de fer vs kipa noire

Passée la stupeur, les Israéliens n’ont eu de cesse de louer l’efficacité du Dôme de Fer. A tel point que les sites des batteries antimissiles, dont ils pouvaient suivre l’activité en direct à la télévision, sont devenues de véritables lieux de pèlerinage.

L’engouement se poursuit. Et il prend les formes les plus diverses. La presse israélienne célèbre chaque jour le Dôme de Fer en citant les informations savamment diffusées par Tsahal sur son site internet, sa page Facebook ou son compte Tweeter. Les commentateurs portent aux nues l’industrie aérospatiale, la société Rafael conceptrice du programme, et surtout l’ancien ministre de la Défense Amir Peretz qui eut l’audace de lancer le projet en 2006. Des publicités fleurissent pour soutenir la technologie israélienne. Sous l’accroche « Qui doit-on remercier pour le Dôme de Fer ? », l’ATS rappelle ainsi que 80% des ingénieurs de Rafael ont été formés à l’Institut Technion de Haïfa.

Le Dôme de fer s’est définitivement imposé dans le débat sur le conflit israélo-palestinien. Il a aussi rejoint de façon très symptomatique l’autre conflit israélien : celui qui oppose laïcs et religieux. En témoigne le succès rencontré sur Facebook par le post présenté ci-dessous, comparant la kipa noire des religieux (kipa shroha) à la kipa de fer (kipat barzel). « Alors, quelle kipa nous aide le plus ? » dit le message, avant de poursuivre : « Peut-être est-il temps de commencer à donner de l’argent aux étudiants des écoles d’ingénieurs au moins autant que le budget consacré aux religieux des yeshivot ? ». Derrière cette douce ironie pointe un débat, souvent bien plus violent, sur la réduction des budgets accordés aux écoles religieuses et la fin de l’exemption militaire dont bénéficient les ultra-orthodoxes.

Civils vs militaires

En encensant aujourd’hui Amir Peretz comme le « père » du Dôme de Fer, l’opinion israélienne soulève aussi une autre controverse sur la toute puissance des militaires dans la décision stratégique. Il faut dire que Peretz revient de loin. Ses origines modestes (il est né au Maroc en 1952) lui ont valu d’être méprisé par les élites. Son activisme à la tête du syndicat de la Histadrout, comme maire travailliste de Sdérot puis chef du parti Avoda importaient moins. Les mesures les plus sévères en matière de défense et de sécurité ont souvent été le fait de la gauche : la guerre du Liban en 1982 et la bataille contre Jénine en 2002 furent impulsées par le travailliste Benyamin « Fouad » Ben-Eliezer ; idem pour le mur de séparation qui isole la Cisjordanie. Cependant, avec son caractère de « colombe » militant au mouvement « La Paix maintenant », Peretz était pour le moins mal vu des décideurs militaires.

Mais le vrai problème avec Peretz, c’est qu’il n’a pas de passé militaire. Tout juste un grade de capitaine chez les paras et une blessure dans le Sinaï en 1974 qui l’a éloigné de ses devoirs de réserviste. De fait, en devenant ministre de la Défense en juillet 2006, Peretz est l’un des rares civils à avoir accédé à ce poste, rejoignant par exemple Shimon Peres, qui avait au moins à son crédit une carrière au ministère de la Défense, ou Moshe Arens, un ingénieur aéronautique de formation.

Bravant la défiance des militaires, Peretz s’est montré, contre toute attente, très actif au ministère de la Défense. En 11 mois, il a pris au moins deux décisions majeures : l’offensive contre le Liban à l’été 2006, qui s’est révélée être un semi-échec, et, donc, la sélection du projet de défense Kipat Barzel, en février 2007. Mais l’on parlait alors d’un échec programmé.

La Heyl Ha’Avir (armée de l’air) s’est massivement opposée au projet. De nombreux généraux de l’armée de Terre l’ont désavoué en interne. Des spécialistes sont montés au créneau pour souligner ses failles, comme le professeur Reuven Pedatzur de l’Université de Tel-Aviv et l’analyste militaire du Haaretz, Yossi Melman. Au cœur des critiques : le coût exorbitant du projet (près de 20 millions d’euros) qui allait absorber le budget de la Défense. Chaque missile Tamir coûte 40 000 euros quand il faut à peine dix euros aux groupes terroristes pour fabriquer une roquette Qassam. Son efficacité au-delà des quelques kilomètres entourant la bande de Gaza était aussi mise en doute. En outre, Kipat Barzel a été sélectionné après l’échec du Skyguard, un laser conçu avec les Américains de 1995 à 2005, qui s’était montré incapable de détecter les roquettes par mauvais temps. Tous ces projets semblaient alors relever de la science-fiction et il n’y avait bien qu’Amir Peretz pour croire que le Dôme de Fer protégerait le front intérieur en empêchant le désastre de la seconde guerre du Liban quand les roquettes du Hezbollah tombaient sur les habitations civiles. La première batterie du Dôme de Fer fut finalement déployée en mars 2011. A ce moment, Yossi Melman écrivait encore que l’opposition au sein de Tsahal était telle que le projet ne serait jamais entièrement mis en œuvre : il était « né dans le péché ». On connaît la suite...

Fort de son succès pendant l’Opération Pilier de Défense, le système devrait couvrir tout le territoire israélien. Sept nouvelles batteries antimissiles seront déployées pour un coût de 150 millions d’euros. Parallèlement, Israël a annoncé le 25 novembre le test concluant d’un nouvel intercepteur de missiles à longue portée (200 km). Ce projet, qui porte le nom de « Bâton magique » (Sharvit Ksamim), sera mis en œuvre en coordination avec le désormais fameux Dôme de Fer.

Il aura donc fallu six ans à Amir Peretz le "bleu", ce syndicaliste dont on raillait l’inexpérience militaire, pour remporter la bataille de la légitimité. Il fait maintenant figure de modèle : qui d’autre que le maire de Sdérot pouvait mieux comprendre les dangers auxquels sont confrontés les habitants du Sud et faire le choix d’un système efficace de défense ? Reste que l’opinion israélienne fait toujours davantage confiance à ses généraux pour prendre la tête du ministère de la Défense. Au moment où Ehud Barak, l’un des généraux les plus étoilés de l’histoire d’Israël, annonce qu’il se retirera de la vie politique après les élections de 2013, c’est vers Moshe « Boogie » Ya’alon, l’ancien chef d’état-major de Tsahal, que se tournent les regards. En espérant qu’il saura, comme Peretz, voir la défense avec « des yeux de civils ».

Kipat Barzel, le pilier de la Défense d’Israël
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P
I do agree with the title that missile Kipat Barzel is the backbone of the Israel Defense. because as terrorism is growing day by day across the Gaza region, it keeps terrorism under control. Thanks for sharing.
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W
Since terrorism is plotting across the Gaza region, it is necessary to ensure the safety of citizens by utilizing modern security equipment. It is a fact that missile 'Kipat Barzel' played a vital role in strengthening the defense against the Hamas terrorists.
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